Partant de l’observation qu’à la différence de Corneille, Racine est familier des mètres courts dans sa production non dramatique, nous interrogeons sa fabrique de l’alexandrin, en sondant l’acte V de ses tragédies. La césure apparaît comme une clé de voûte plus sonore que rhétorique, qui fait du six syllabes la mesure de prédilection de Racine. C’est par elle que passent vers léonins, rimes batelées et surtout les rimes brisées recouvrant des réalités étendues. À travers ces phénomènes, « l’harmonie polie » (Denis d’Halicarnasse) se mêle à « l’harmonie austère » de divers agencements disruptifs : rapprochements audacieux, difficulté articulatoire, disparité sonore d’un hémistiche à l’autre. Au-delà d’un usage rhétorique de la césure à l’hémistiche, il semblerait que Racine accomplisse l’alliance de la poésie - par l’attention qu’il porte aux sonorités et au silence - et de la dramaturgie –la césure servant notamment de repère aux comédiens.