From the development of a complex population health intervention to its scaling up : conceptual and methodological aspects of viability studies, application in the field of early childhood
Du développement d’une intervention complexe en santé des populations à sa mise à l’échelle : aspects conceptuels et méthodologiques des études de viabilité, applications dans le champ de la petite enfance
Résumé
Public health challenges facing our healthcare and education systems call for transformations that include the development of population health interventions (actions, programs, organizations, policies). These interventions are generally considered to be complex. Complexity is a major issue for the evaluation of interventions. While experimental designs are the gold standard for clinical research, their control of contextual factors to reinforce the internal validity of studies obviates the external validity of such research. It's essential to go beyond these efficacy-focused designs, in order to understand the mechanisms and processes of the intervention. This approach should make it possible to examine the implementation and conditions of routinization, transferability and scaling-up of the intervention, in the real world. To this end, Chen proposed a paradigm shift by developing the integrative validity model. This bottom-up approach recognizes 3 types of validity: internal validity, external validity and viable validity. Viable validity concerns the integration of interventions into the system in which they are to be deployed, outside a research context. Viable validity corresponds to stakeholders' perception of whether an intervention is useful, suitable, practical, affordable and evaluable, in the real world (Chen, 2010). This PhD explored the relevance of the bottom-up approach to population health interventions and the concept of viability: What is the place of viability in the development and evaluation of complex population health interventions? In what way is the study of viability a prerequisite for considering the sustainability, transfer and scaling-up of interventions? What criteria (and dimensions) should be considered when analyzing viability? The aim was to analyze the viability of innovative interventions based on stakeholders' experience of the intervention. A multiple-case study strategy, mobilizing qualitative methods and following several interlocking levels of analysis, was chosen. The three cases were selected on the basis of similarities (e.g.: intervention in the field of early childhood) and contrasts. The results converged with Chen's postulates on the relevance of adopting a bottom-up approach to research and focusing on viable validity. They suggested describing viability as the potential of an innovative intervention: (i) to integrate with existing projects, programs, organizations and policies to form a coherent whole in terms of objective, stakeholder missions, intervention levers and inputs; and (ii) to make sense to the intervention's stakeholders in the real world. This "making sense" depended on the fit between the stakeholders' perception of the innovative intervention and the system in which they are evolving. The results made it possible to test the viability criteria as updated by Chen in 2023 and to decline them into dimensions. They highlighted the interdependence of stakeholders' perceptions of these criteria, whether related to the substance or feasibility of the intervention. Moreover, viability is situated: the aim was to focus on the conditions of viability rather than to propose a binary vision of viability. Various determinants of viability were identified: the components of organizational change, the interlocking levels of the socio-ecological approach. Finally, this research questioned the definition of a evidence-based intervention through the prism of viability. Further research is underway to examine the concept from an interdisciplinary perspective.
Les enjeux de santé publique auxquels nos systèmes de santé et éducatif ont à faire face nécessitent des transformations qui passent notamment par le développement d’interventions en santé des populations (actions, programmes, organisations, politiques). Ces interventions sont généralement considérées comme complexes. La complexité est un enjeu majeur pour l’évaluation des interventions. Si les devis expérimentaux sont les références pour la recherche clinique, leur contrôle des facteurs contextuels pour renforcer la validité interne des études, obère la validité externe de ces recherches. Il convient d’aller au-delà de ces designs centrés sur l’efficacité, afin de comprendre les mécanismes et processus de l’intervention. Cette approche doit permettre d’examiner la mise en oeuvre et les conditions de routinisation, de transférabilité et de mise à l’échelle de l’intervention, dans le monde réel. Dans cette perspective, Chen a proposé un changement de paradigme en développant le modèle de la validité intégrative. Dans une approche ascendante, celui-ci reconnait 3 types de validité : la validité interne, la validité externe et la validité viable. La validité viable s’intéresse à l’intégration des interventions dans le système dans lequel elle vise à être déployées, hors d’un contexte de recherche. La validité viable correspond à la perception des parties prenantes quant à savoir si une intervention est utile, appropriée, faisable, abordable, adaptée et évaluable, dans le monde réel (Chen, 2010). Cette thèse s’intéressait à la pertinence de l’approche ascendante pour les interventions en santé des populations et au concept de viabilité : Quelle est la place de la viabilité dans le développement et l’évaluation d’interventions complexes en santé des populations ? En quoi l’étude de la viabilité est un préalable pour envisager la pérennisation, le transfert et la mise à l’échelle de l’intervention ? Quels sont les critères (et dimensions) à considérer pour analyser la viabilité ? L’objectif était d’analyser la viabilité d’interventions innovantes à partir du vécu de l’intervention par les parties prenantes. Une stratégie d’étude de cas multiples, mobilisant des méthodes qualitatives, suivant plusieurs niveaux d’analyse imbriqués a été choisie. Les trois cas ont été sélectionnés au regard de points de similitudes (ex : intervention dans le champ de la petite enfance) et de contrastes. Les résultats étaient en convergence avec les postulats de Chen quant à la pertinence d’adopter une approche ascendante en recherche et de s’intéresser à la validité viable. Elle proposait de décrire la viabilité comme le potentiel d’une intervention innovante : (i) à s’intégrer dans les projets, programmes, organisations, politiques existantes afin de former un tout cohérent en termes d’objectif, de missions des parties prenantes, de leviers d’interventions et de moyens ; et (ii) à faire sens pour les parties prenantes de l’intervention dans le monde réel. Ce « faire sens » dépendait de l’adéquation entre la perception des parties prenantes de l’intervention innovante et du système dans lequel elles évoluent. Les résultats ont permis d’éprouver les critères de viabilité tels que mis à jour par Chen en 2023 et de les décliner en dimensions. Ils ont mis en avant l’interdépendance de la perception de ces critères par les parties prenantes qu’ils soient liés à la nature ou à la faisabilité de l’intervention. En outre la viabilité est située : il s’agissait de s’intéresser aux conditions de viabilité plus que de proposer une vision binaire de la viabilité. Différents déterminants de la viabilité ont été identifiés : les composantes du changement organisationnel et les niveaux de l’approche socio-écologique. Finalement, cette thèse a permis d’interroger la définition d’une intervention probante sous le prisme de la viabilité. Des recherches complémentaires sont en cours pour interroger le concept dans une perspective interdisciplinaire.
Origine | Version validée par le jury (STAR) |
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