Le volume collectif "Les écritures confinées" (Hermann, 2022) réunit des littéraires, des linguistes, des sociologues, des philosophes, des spécialistes des sciences de l’information et de la communication, des professionnels du livre et des écrivains. Son ambition est de rendre compte de leurs observations et de leurs réflexions sur ces écritures et ces paroles confinées. Écritures et paroles de et sur le confinement : non seulement celles des écrivains et écrivaines mais également de Paul et Jacques, Marie et Anne, tous et toutes ces amateurs et amatrices, adeptes des claviers, celles aussi des pouvoirs publics et de leurs injonctions balisant les itinéraires de nos vies urbaines. Autant d’archives précieuses, traces historiques collectées à des fins de mémoire et d’étude qui forment l’histoire et l’identité d’un pays, de ses habitants et habitantes, et renseignent de manière féconde sur un passé immédiat. L’intention était de pointer en elles le nommé, le pas encore nommé et l’innommable ; d’interroger ces « paroles [qui cognent] aux parois énervées du crâne », pour parler comme l’écrivain François Bon ; de consigner ces éclats et fragments sociaux d’une crise sanitaire hors du commun, dont on ne mesure pas encore la portée. Si être en prison chez soi, c’est trouver une clef pour s’en sortir, l’écriture et la parole ont joué un rôle majeur et mis des mots sur une expérience singulière de l’espace, du temps et du corps. Elle a permis de consigner ce « temps vivant », dont parle Wajdi Mouawad dans son journal de confinement, de « pénétrer au plus profond de ce confinement avec l’écriture comme fil rattaché au monde que j’aime. »