Fortitude et Servitude
Abstract
Au milieu du chemin de la béatitude que trace l'Éthique de Spinoza, la quatrième partie fait figure d'étrange détour. Elle traite de la servitude humaine, mais en filigrane, il y est tout autant question de la fortitude, cette force d'âme dont découlent toutes les actions de l'esprit en tant qu'il comprend. C'est paradoxalement dans la partie consacrée à l'impuissance humaine que Spinoza introduit le modèle de l'homme libre, la connaissance vraie du bien et du mal, le partage du souverain bien. Pourquoi fortitude et servitude sont-elles si intimement liées?
Ces lectures à plusieurs voix visent moins à exposer les thèses du système qu'à explorer les difficultés, les ellipses, les retournements de l'Éthique IV. Elles portent plutôt sur sa part d'ombre afin de pouvoir rendre la lumière d'ensemble : la fortitude cachée, la réapparition du bien et du mal, les esquisses de la politique et d'une définition de l'homme, les figures négatives de la mort et de l'éternité.