Entreprises de transmission culturelle, comme les anthologies scolaires, les monographies illustrées témoignent d’une conception de l’auteur conforme aux conventions véhiculées par l’histoire littéraire. Cependant, l’analyse comparative de ces ouvrages à propos d’un même auteur permet de vérifier que le discours biographique, en dépit des apparences, est loin d’être une catégorie discursive homogène. La construction de la figure auctoriale de Rousseau dans la collection « Écrivains de toujours » et dans la collection « Albums de la Pléiade » en est un bon exemple. L’examen du rapport que l’iconographie entretient avec le texte est un moyen efficace d’approcher ces objets plurisémiotiques que sont les monographies illustrées. Le dispositif est fondé sur le collage et la glose mais il n’est pas actualisé de la même façon dans les deux collections. Ni au niveau textuel ni au niveau de l’image les choix éditoriaux ne sont les mêmes. Ainsi, on peut constater que dans Rousseau par lui-même le texte relève du commentaire et que les reproductions de peinture qui l’accompagnent revêtent une fonction illustrative; dans l’album de la Pléiade, le texte est davantage une paraphrase de l’œuvre autobiographique de l’auteur et la fonction de l’étayage photographique est celle du témoignage. Dans le premier cas se manifeste un rapport distancié à la légende, dans le second cas est entretenu un véritable culte. La présence de telles caractéristiques pragmatiques dans d’autres monographies des mêmes collections permettront de généraliser ces conclusions.