Cette contribution montre comment l’ouvrage de Philippe Poutou publié en 2012 (éditions Textuel), participe à la construction d’une identité particulière, nourrie de paradoxes : Poutou bénéficie d’une notoriété enviable tout en étant un acteur marginal du champ politique ; il intègre certaines règles du jeu politique tout en s’affranchissant des normes qui ont cours dans l’arène politique… Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) aux élections présidentielles de 2012, présente ainsi une image de soi subtile et complexe, que l’analyse de son livre de campagne permet de mieux cerner. Faisant usage de l’“écriture de soi” en tant qu’acteur de la lutte, Poutou apporte à travers son livre un témoignage de classe, enrichissant ainsi la réflexion sur la question des porte-paroles des sans-voix. A travers son ouvrage au titre évocateur (Un ouvrier, c’est là pour fermer sa gueule !), qui indique combien le candidat du NPA utilise l’espace éditorial pour prétendre “s’exprimer autrement”, Poutou a recours à une expression de soi inhabituelle dans un “ethos de rupture” banalisé dans le champ politique . En somme, Poutou fait comme tout le monde, mais pas comme les autres.