“Mouvements sociaux : le jeu médiatique en vaut-il la chandelle ?”
Abstract
Alors que les autorités disposent en général des ressources leur permettant de se positionner en « définisseurs primaires » des événements, une bonne partie des organisations politiques, syndicales ou associatives semblent s’être prise au jeu d’une cette forme de « militantisme de prime time », tournée vers la quête incessante de visibilité médiatique, dont elles escomptent des effets politiques. Les travaux de sciences sociales sont particulièrement prolifiques depuis vingt ans sur le sujet. Ils montrent que la fabrique journalistique de l’actualité sert des intérêts sociaux qui correspondent rarement à ceux des groupes que ces mobilisations entendent défendre, comme l’illustre de façon emblématique la médiatisation des grèves de novembre-décembre 1995 contre le plan Juppé de réforme des retraites et de la sécurité sociale. Un an après le déclenchement du mouvement des « gilets jaunes », il est peut-être temps, pour paraphraser le politiste Laurent Jeanpierre de tirer les leçons médiatiques des ronds-points : la question est-elle encore aujourd’hui de savoir comment les organisations du mouvement social peuvent s’assurer d’un traitement médiatique ample, durable et favorable de leurs revendications ou plutôt de se demander dans quelle mesure ce jeu médiatique en vaut – politiquement – la chandelle ?