La communication porte sur les usages stratégiques de l’incertitude concernant la prise en charge politique du problème des perturbateurs endocriniens en France où, l’absence de réglementation contraignante couplée à l’institutionnalisation de la santé environnementale a conduit à faire de la prévention « l’instrument » de gouvernement privilégié par les pouvoirs publics. Stands d’information, formations, ateliers… les figures de la prévention sont variées, mais misent toutes sur la transformation des conduites individuelles en se tenant à l’écart du politique. Pour autant, comment (se) prévenir d’un risque ou d’un danger induit par les substances chimiques dans un contexte d’exposition ubiquitaire à celles-ci et face à des savoirs évolutifs et non stabilisés ? Les matériaux recueillis à travers l’analyse discursive d’un corpus d’archives (associations environnementales et institutions publiques), d’entretiens et d’observations ethnographiques d’ateliers de sensibilisation aux perturbateurs endocriniens, renseignent sur la manière dont les usages de l’incertitude recadrent un risque à l’origine collectif en un problème de responsabilité individuelle. L’analyse montre ainsi que tel qu’il est mis en œuvre, le dispositif de prévention s’inscrit dans une optique de gouvernement des corps et des conduites qui occulte les inégalités de genre et de classe.