Fondements théoriques et conditions de mise en œuvre d’un entretien hybride. - Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne Access content directly
Book Sections Year : 2014

Fondements théoriques et conditions de mise en œuvre d’un entretien hybride.

Abstract

Fondements théoriques et conditions de mise en oeuvre d'un entretien hybride. Problématique L'idée du caractère hybride de l'entretien d'explicitation (EdE) vise à explorer les passages aux frontières de deux ou plusieurs champs distincts, d'un point de vue méthodologique, épistémologique ou praxéologique. La notion d'hybridation implique zone de contact, croisement de deux espèces différentes, issues de deux champs différents pour faire advenir une nouvelle ipséité 1 , qui va se développer indépendamment des formes originaires de l'entretien. Du point de vue méthodologique, ce terme d'hybridation renvoie aux conditions d'utilisation de l'EdE dans des contextes diversifiés. On assiste à un processus d'hybridation des postures qu'induit cette multiplicité des contextes, témoignant de la malléabilité des modalités de mise en oeuvre de cette situation intersubjective qui préside à la dynamique des relations entre intervieweur et interviewé. On pourra parler ainsi d'une hybridation extrinsèque. Mais celle-ci n'est possible qu'à condition d'une hybridation plus inhérente à la nature même de l'EdE, qui réside dans la construction progressive de ce nouveau type d'entretien. Pierre Vermersch utilisait en 1994 un terme qui évoque plutôt une juxtaposition de techniques de relances : « L'entretien d'explicitation est un mixte d'attitudes, tant que l'élève est dans les conditions d'accès à la verbalisation de l'action, il y a une écoute très ouverte et très proche de l'attitude non directive…Mais, quand la verbalisation part dans d'autres domaines, qu'elle reste au niveau du jugement ou qu'elle traite de tâches en général, alors il y a intervention de la part de l'intervieweur » (Vermersch, 1994, p. 54). Or ce passage fréquent entre non-directivité et guidage, canalisation active, préside à l'émergence d'une posture complexe, radicalement nouvelle, qui forme en soi à elle seule, une catégorie d'entretien inédit, hybride. L'EdE apparaît comme une mouture, une bouture, épistémologiquement parlant, de plusieurs courants disciplinaires, d'une part, mais aussi au croisement de différentes pratiques thérapeutiques ou de formation. Ce qui peut apparaître comme juxtaposé, extrinsèquement différent, quand on associe plusieurs types d'entretiens, s'avère révéler une connivence, un enchevêtrement interne plus étroitement lié, inhérent à la 1 Ce terme philosophique définit ce qui fait qu'un être est lui-même et non pas autre chose. L'EdE n'est pas un entretien parmi d'autres, mais une nouvelle forme d'entretien, qui comporte en lui-même ses propres caractéristiques qui en font précisément un être hybride. structure même de la conscience, quand on interroge les fondements épistémologiques qui ont présidé à ce qui caractérise l'EdE. Pierre Vermersch s'est longuement expliqué sur les influences et les emprunts opérés dans le champ psychothérapeutique : « Ma formation de psychothérapeute m'a conduit à découvrir et à apprécier l'attitude consistant à intervenir "en structure" et à rester non-directif sur le contenu, et cette attitude organise la pratique de l'entretien d'explicitation contrairement au style non directif. » (Vermersch, 2003, p.22) En effet cette variabilité et cette souplesse méthodologique s'enracinent d'abord, d'un point de vue épistémologique, dans la confrontation entre phénoménologie, psychologie clinique, et linguistique. Ces croisements disciplinaires convoquent une posture clinique, qui a réclamé, de la part de son concepteur, une oscillation constante entre démarche de théorisation et mise en pratique. Cette position charnière, théorico-pratique, met en évidence la nécessité de penser la corrélation entre options épistémologiques et choix méthodologiques. En effet, la théorisation des divers états et actes de conscience et leur vérification dans la pratique de mise en évocation contribuent à développer des aspects méthodologiques de plus en plus spécifiques de la part du chercheur et des conditions pratiques de plus en plus détaillées dans le déroulement du guidage de la part du formateur. En quoi des recherches au moyen de l'EdE sont-elles tributaires d'une formation préalable à l'EdE ? Et inversement en quoi la formation à l'EdE permet de mesurer l'impact des retombées théoriques sur la pratique de l'entretien ? Pour explorer ces différents niveaux d'hybridation, il me semble auparavant nécessaire de comprendre ce qui a présidé à l'avènement de cette hybridité. D'un point de vue épistémologique, les conditions de constitution de l'EdE, telles que les décrit Pierre Vermersch dans son dernier ouvrage, témoignent d'une inévitable complémentarité dialectique entre recherche et formation, d'une part. D'autre part, l'entretien, comme pratique sociale, exige d'un point de vue méthodologique des aménagements spécifiques pour susciter une posture d'évocation, selon le degré d'implication de l'interviewé et l'absence ou la présence d'une demande d'entretien de sa part.

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hal-04678238 , version 1 (26-08-2024)

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  • HAL Id : hal-04678238 , version 1

Cite

Christiane Montandon. Fondements théoriques et conditions de mise en œuvre d’un entretien hybride.. Fondements théoriques et conditions de mise en œuvre d’un entretien hybride., L'Harmattan, 2014, Action et savoir-Recherche, 978-2-343-03993-0. ⟨hal-04678238⟩

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