Sexual health, a blind spot in Foucauldian history of sexuality
La santé sexuelle, point aveugle de l'histoire foucaldienne de la sexualité
Abstract
The historiography of sexuality has either limited the history of the concept of sexual health to its institutionalization by the World Health Organization (WHO) – e.g. several sociologists, psychologists and sexologists – or it has ignored this concept in favour of that of sexual perversion, as in the case of Michel Foucault and, in his wake, Arnold Davidson. Nevertheless, the history of the concept of sexual health dates back to the first half of the 19th century. On the one hand, the paper attributes the overshadowing of a century and a half of this history to the WHO prism and demonstrates that the latter is not sufficient to trace its genesis. On the other hand, it establishes a link between the approach to the history of sexuality through sexual psychopathology and, consequently, through the medicalization of sexuality in Foucault's work, and the absence of the concept of sexual health in Foucauldian historiography. The historiography of sexual health, reduced to the prism of the WHO, has then itself adopted the medicalization perspective. Instead, we propose to adopt the sanitization of sexuality in order to address the concept of sexual health.
La santé sexuelle, point aveugle de l'histoire foucaldienne de la sexualité David Simard Dans l'historiographie de la sexualité, deux prismes ont occulté la genèse du concept de santé sexuelle : celui de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et celui de l'histoire foucaldienne de la sexualité. Dans les années 1970, l'OMS a institutionnalisé le concept de santé sexuelle, en en formulant de premières définitions officielles. Il s'est agi dans le même temps d'une réappropriation du terme « santé sexuelle » par la sexologie dite « médicale » promue au sein de l'OMS par les sexologues italiens installés à Genève, Willy Pasini et Georges Abraham, alors que ce terme était plutôt utilisé depuis le début du XX e siècle par les courants néomalthusiens anglo-américains de contrôle des naissances et de planification familiale, et les militantes et militants de l'hygiène et de l'éducation sexuelles. Cette ancienneté a été ignorée par l'historiographie de la santé sexuelle, qui s'en est tenue à circonscrire son émergence à son institutionnalisation par l'OMS. Elle a également été occultée, ainsi que son institutionnalisation, par le travail d'historicisation de la sexualité entrepris par Michel Foucault, alors même que celui-ci a proposé une généalogie de la sexualité dans les années où l'OMS définissait la santé sexuelle. Dans les pages qui suivent, nous allons d'abord mettre en évidence comment le prisme de l'OMS a été mis en oeuvre et en quoi il s'avère réducteur pour retracer la genèse du concept de santé sexuelle. Nous proposerons ensuite des hypothèses pour comprendre pourquoi l'historiographie foucaldienne a ignoré cet aspect de l'histoire non seulement de la sexualité, mais plus précisément de tout un pan des productions de la scientia sexualis. Nous terminerons en montrant que l'une des conséquences majeures de l'orientation foucaldienne est d'avoir conduit les historiens de la santé sexuelle à rabattre cette dernière sur le champ de la médicalisation de la sexualité, alors qu'il s'agit, selon nous, de sa sanitarisation.
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