Antiquaria et Antiquitates : prose et poésie au service d'un même projet historique ? - Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne
Conference Papers Year : 2012

Antiquaria et Antiquitates : prose et poésie au service d'un même projet historique ?

Anne Raffarin

Abstract

Au Quattrocento, l'histoire n'est pas encore une discipline à part entière au sens où l'on parlera de disciplines au xixe siècle. On connaît des textes humanistes qui se rattachent à cette discipline, mais cela signifie-t-il que l'on se trouve face à un genre constitué ? On constate que les biais qu'emploie le récit historique traversent tant la prose que la poésie et même le théâtre. L'oeuvre d'un humaniste comme Andrea Fulvio place le lecteur face à la multiplicité des voies qu'emprunte le genre historique à cette époque. Lorsque le poète Porcelio Pandoni 1 , dans la préface de son recueil de poèmes dédicacé à Pie ii proclamait que l'unique instrument capable de soustraire à l'oubli les exploits des princes et seigneurs de l'époque était la plume des poètes, il reprenait un motif que les siècles précédents et notamment le Quattrocento n'avaient jamais occulté. Fulvio est ce que l'on pourrait appeler un polygraphe puisqu'il est l'auteur d'un traité de poésie plus spécifiquement consacré à la métrique (l'Ars metrica publiée en 1487), de poèmes historiques avec notamment un poème sur les jubilés suivi de 57 vers latins sur les stations respectées durant la période du jeûne. Fulvio écrit dans la préface aux Antiquitates 2 : Pour ma part, guidé par une si grande autorité et poussé par la recherche de la reconnaissance qui ne manquerait pas d'en découler, sans interrompre les Antiquités de Rome que j'avais entreprises [les Antiquitates] j'ai publié un petit poème en hexamètres imprimé chez un éditeur, sur l'année du siècle que l'on appelle « Jubilé ». On célébra en effet un jubilé en 1525. C'est le double profil de Fulvio, historien antiquaire et poète de circonstance, poète de « cour » au service des papes, qui le place au coeur du sujet de notre colloque. Fulvio a suivi les enseignements de Pomponio Leto 3 dans le cadre bien connu de l'Académie Romaine : il y a acquis un style élégant en prose comme en poésie, une connaissance approfondie des auteurs antiques et des dons pour l'enquête archéologique. Sa maison du quartier de Saint Eustache renfermait toute une collection d'inscriptions antiques recueillies par ses soins ainsi que des monnaies antiques elles aussi retrouvées en ville et dont l'étude donna lieu à la publication d'un très bel ouvrage en 1517 chez Mazzocchi : les Illustrium imagines, collection jusqu'alors inédite de plus de deux cents visages de l'Antiquité à l'époque de Charlemagne. Dans la préface de l'Oratio in laude Vrbis, Fulvio se présente ainsi : ANDREAE FVLVII ANTIQVARII ROMANI De laudibus urbis oratio ad Quirites. Il se qualifie lui-même d'antiquarius, terme qui n'était pas encore apparu dans la langue pour qualifier les humanistes attachés à la redécouverte de tous les pans de l'Antiquité. Ce texte constitue le développement d'un poème composé vers 1525 et récité à l'occasion de l'anniversaire de la ville de Rome, tradition établie par Pomonio Leto. Dans ce discours, Fulvio développe un éloge de Rome long et passionné, sans réserve, dans lequel il souligne le caractère exceptionnel de la ville, de ses habitants et de leur destin. Aucune mention du déclin de l'Empire, au contraire, il conclut, comme Biondo dans la péroraison de la Roma Instaurata à la vocation de Rome à devenir capitale du monde chrétien.
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Dates and versions

hal-04045034 , version 1 (11-04-2023)

Identifiers

  • HAL Id : hal-04045034 , version 1

Cite

Anne Raffarin. Antiquaria et Antiquitates : prose et poésie au service d'un même projet historique ?. Poésie latine et politique de l’Antiquité tardive à la Renaissance, Nathalie Catellani et Michel-Yves Perrin, Oct 2010, Amiens, France. ⟨hal-04045034⟩

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