Les formes gnomiques dans le livre I des Essais de Montaigne
Abstract
On peut distinguer deux types de formes gnomiques dans les Essais : celles que Montaigne emprunte par citation plus ou moins fidèle ou par paraphrase (apophtegmes, adages, proverbes, préceptes, sentences), et les maximes qu’il rédige lui-même. Cette présence massive de la gnômé apparaît problématique chez un philosophe « imprémédité et fortuit » qui ne cesse de clamer son refus de « dire ce qu’il faut faire au monde ». Mais, pour l’écrivain comme pour le lecteur, ces formes gnomiques sont néanmoins nécessaires à « l’éveil de la pensée » : bien établies ou suspectes, d’une plume étrangère ou de celle de Montaigne, elles sont des « points lumineux du discours » qui orientent la quête et entretiennent le désir d’une « communication à l’être », avant que la « branloire pérenne » du monde ne reprenne ses droits.