“ce sont beaux textes d’evangile en francoys” : la place de la Bible dans Pantagruel (ch. XXX)
Résumé
Dans son ouvrage The design of Rabelais’s Pantagruel, Edwin Duval considère Pantagruel en général et l’enfer d’Epistemon en particulier comme un « Nouveau testament épique », qui fusionne deux intertextes privilégiés sur tous les autres : les Évangiles et l’Énéide. Il semble au contraire que l’on peut déceler au moins cinq autres types d’intertextes majeurs dans l’épisode : les mystères, les représentations artistiques du Purgatoire et de l’enfer chrétien comme des endroits effrayants, la farce, le genre des cris de Paris et enfin les Histoires vraies de Lucien – à quoi s’ajoute le jeu avec l’actualité éditoriale qui se lit derrière chaque nom de damné et d’élu. Ce constat, établi à partir du chapitre XXX, semble pouvoir être généralisé : les sources narratives, dramatiques et poétiques interfèrent sans cesse chez Rabelais avec le texte sacré et ne s’effacent pas derrière lui selon les principes de la lecture allégorique.