L’Évangélisme fictionnel. Les Livres rabelaisiens, le Cymbalum Mundi, L’Heptaméron (1532-1552)
Abstract
Un diablotin des mystères transmué en géant d’épopée prononce une prière qui condense les grands traits de la spiritualité évangélique. Dix mondains isolés du monde méditent sur la toute-puissance du « cuyder ». Le messager de l’Olympe, dieu du vol, du mensonge et de l’éloquence, descend sur terre et se fait dérober le livre d’immortalité où sont inscrits les noms des élus de Dieu. Pourquoi une spiritualité qui entend restaurer la « Parole de Dieu dans sa pureté » recourt-elle à la fiction ? D’un point de vue historique, l’évangélisme français apparaît souvent comme un très court moment et comme un échec, précipité par l’affaire des Placards contre la messe en octobre 1534. L’approche fictionnelle permet de repenser ses limites temporelles et de réévaluer sa fécondité : elle plaide pour un évangélisme long, producteur d’un discours profondément contradictoire, perturbé et vecteur de vérité.