Dans sa communication au colloque de Cerisy de 2005 autour des travaux d’Antoine Culioli, publiée ensuite dans les Actes (Ducard et Normand 2006), Gabriel Bergounioux présentait celui-ci comme l’un des rares linguistes ayant pris en compte l’endophasie dans l’étude du langage. Il évoquait la conception du locuteur comme locuteur-auditeur, qui marque une « involution vers le “miroir de l’énonciateur”, le “co-énonciateur (intérieur)” », dans laquelle il « inscrit la nécessité d’une résonance de la parole dans le sujet parlant. », et il procédait à un questionnement de la linguistique de l’énonciation à partir de ses propres travaux (Le Moyen de parler, 2004). Il s’interrogeait sur le sens, la place de la psychologie et le statut de la sémantique, et il pointait la « lacune » que constitue sur le « versant sonore du langage », malgré la place accordée à la prosodie, l’absence de la phonologie, qui est au principe de l’endophasie comme simulation muette d’un signal homologue au signal perçu. Nous reprenons la discussion en rappelant les principes du modèle théorique de la théorie des opérations énonciatives et prédicatives, et en soulignant la place qu’y occupe le langage intérieur en lien avec l’activité épilinguistique. Nous mettons en parallèle les déclarations et réflexions des deux linguistes pour en marquer les différences de point de vue. Nous signalons ensuite certains modèles et travaux de psychologie expérimentale et cognitive, qui ouvrent des perspectives d'étude pour la linguistique. Nous posons le problème de l’accès, toujours indirect, au discours intérieur et, conjointement, de la méthode d’observation et d’analyse dans une approche empirique et formelle. Nous avançons pour finir une hypothèse sur l’origine et la fonction du langage intérieur.