« Pour une approche discursive du champ littéraire. Espace d’étayage et dires de soi »
Résumé
Alors que l’institution littéraire opère une sélection entre œuvre et non œuvre, consacrant certains écrits à l’exclusion d’autres, l’analyse du discours littéraire étudie le phénomène de consécration des œuvres. Elle a pour objectif de questionner la place qui leur est octroyée par les lecteurs, les politiques éditoriales et les disciplines académiques. Ce cortège de textes a priori « secondaires » que draine toute édition fait partie de ce que j’ai appelé « espace d’étayage » pour permettre une description fine du fonctionnement du champ littéraire et en révéler la dynamique (Delormas 2014).
La notion d’espace d’étayage permet de donner une certaine visibilité à la fabrique de l’image d’auteur, indissociable de l’œuvre, celle-ci émergeant de l’interdiscours, c’est-à-dire, par exemple, des commentaires critiques qui la promeuvent ou la discréditent et qui donnent lieu à la reconnaissance collective dont l’œuvre a besoin pour exister. C’est par leur entremise que le texte canonique est introduit, maintenu dans la mémoire collective, ou encore interrompu dans le mouvement de sa réécriture.
J’examine ici successivement trois niveaux d’autonomie auctoriale à travers les catégories discursives de l’auto(bio)graphie, de l’anthologie littéraire et de la biographie, respectivement exemplaires de l’entrée dans le panthéon littéraire (haut niveau d’autonomie), d’un metadiscours didactique et de l’ambiguïté de la prise en charge des dires de l’auteur biographié.