“Comment un collectif militant d’éducation populaire évoque-t-il la ‘langue de bois’ ? A propos des représentations sur la langue et sur la variation”
Abstract
Ce texte s’intéresse à l’image de la langue et de ses variations à travers le cas particulier de la “langue de bois”, dont on interroge ce qu’elle désigne et ce qu’elle signifie dans un “Atelier de désintoxication de la langue de bois” proposé en France par un collectif d’éducation populaire. D’après le sentiment rhétorique exprimé par les organisateurs et participants de l’Atelier, la “langue de bois” est marquée par deux ensembles de propriétés. D’une part, la “langue de bois” apparaît comme caractérisée par les intentions manipulatrices de ceux qui la pratiquent, et par les effets aliénants qu’elle produit sur ceux qui l’écoutent. D’autre part, elle apparaît comme descriptible à travers une collection hétérogène de formes, de figures et de procédés, mais aussi en fonction des situations sociales dans lesquelles elle est parlée. Ce second point permet de travailler la tension entre “langue” et “discours” telle que conçue dans le sentiment linguistique ordinaire : si celui-ci postule bel et bien une “langue de bois”, déterminée par sa toxicité, il prend acte, parallèlement, d’une diversité de réalisations, envisageant autant de “langues de bois” que de situations sociales d’usage de la langue.