« Si de mi baja lira tanto pudiese el son… » Le chant d’Orphée et les poètes de la Renaissance
Résumé
This article demonstrates how in the Renaissance poetry and music were thought of and practiced together, as two aspects of the same art, embodied in the figure of Orpheus, who is used by Spanish poet Garcilaso de la Vega among others as a means to define his own poetic program. Latin metrics are the basis of the treatment of rhythm in the last three books of Francisco de Salinas’ De musica libri septem (1577) ; a close reading of book V shows how an incorrect assemblage of feet was considered a dissonance, analogous in every way with harmonic dissonance. A comparison with contemporary verse proves that such dissonances were used in the exact same manner by poets as composers of madrigals used harmonic dissonances to underscore specific ideas. One can therefore truthfully say that there was music in Renaissance poetry. Such rhythmic dissonances prepared the musical performance as is confirmed by examples from Monteverdi and Gesualdo’s madrigals.
La poésie et la musique de la Renaissance étaient pensées et pratiquées ensemble, comme les deux volets d’un même art dont l’unité est représentée par la figure d’Orphée, employée par le poète castillan Garcilaso de la Vega, entre autres pour énoncer son programme poétique. La métrique latine est la base du traitement du rythme musical dans le De musica libri septem (1577) de Francisco de Salinas. Une lecture attentive du livre V montre comment un assemblage incorrect de pieds était considéré comme une dissonance, analogue en tous points avec la dissonance harmonique. Une comparaison avec des vers contemporains montre que ces dissonances étaient employées par les poètes exactement de la même façon que les dissonances harmoniques par les madrigalistes, pour expliquer des idées précises. On peut donc véritablement dire qu’il y avait de la musique dans la poésie de la Renaissance. De telles dissonances rythmiques préparaient la performance musicale, comme le confirment des exemples pris chez Monteverdi et Gesualdo.