De l’utilité des lettres dans la carrière des armes. Guerre et culture écrite en France au XVe siècle
Résumé
La France du XVe siècle offre un cadre propice à la réflexion sur la question classique de la coexistence des armes et des lettres, en permettant d’observer l’évolution des normes en vigueur au sein de la noblesse, c’est-à-dire la définition, l’exaltation, la diffusion et la poursuite d’un nouveau modèle de réussite sociale combinant compétences militaires et lettrées. Suggéré par une littérature morale appelant de manière aussi récurrente que critique à l’instruction des chefs de guerre, ce phénomène est d’abord étudié ici à partir du discours destiné aux combattants et du portrait que dressent les traités militaires du bon capitaine, formé par l’expérience et par sa connaissance de l’histoire dont la faveur est confirmée par l’examen des librairies de grands officiers. L’attention se porte ensuite sur la littérature nobiliaire, révélatrice des aspirations propres à l’aristocratie et de la manière dont l’écriture – écriture de la guerre, du service princier, de la défense de la carrière publique - devient alors un élément structurant de l’identité de la noblesse combattante