En assistant à un festival de lumières à la médina de Tunis un soir de septembre 2022, nous avons découvert cette vieille ville autrement. Si les commerces artisanaux étaient à cette heure fermés, des immeubles d’habitude inhabités et inaccessibles étaient exploités. En cette période se déroulaient deux festivals à la médina, présentant des œuvres d’art, des photographies, des pièces de théâtre. Un salon de tatouage avait même été ouvert pour la circonstance. Ces événements se fédèrent autour d’une même thématique : la liberté d’expression. Depuis son indépendance et la fin du protectorat français en 1956, la municipalité de Tunis s’est appropriée le patrimoine territorial. Des moyens d’institutionnalisation de la médina comme un espace urbain touristique ont été fournis par l’État et des investisseurs étrangers. L’affluence des touristes internationaux présentait une solution pour garantir le maintien du tissu urbain réaménagé tandis que le patrimoine présent était considéré comme en mauvais état de conservation ou risquant de se transformer en ruine. En 1979, la médina de Tunis a été l’une des premières vieilles villes arabes à être désignée par l’Unesco comme patrimoine mondial.Depuis la révolution de la dignité en 2011, c’est une nouvelle dynamique culturelle qui contribue à régénérer la médina avec son label de vieille ville touristique, ses commerces artisanaux et ses monuments délaissés. Certes le bâti urbain et architectural est constitué d’un héritage des générations précédentes auquel des qualités particulières confèrent des valeurs, mais ce qui a suscité la mobilisation d’acteurs non institutionnels, d’associations à but non lucratifs et des habitants, c’est un objectif de régénération du lieu…