L’écriture considérée en tant que technique suppose donc d’analyser la relation entre matières, supports et formats d’inscription. Nous entendons par matière la composante non formée qui est utilisée comme support d’inscription ; par support le dispositif, plus ou moins complexe, qui permet d’inscrire les signes dans un « espace graphique » (Christin 1995) ; par format la modalité d’inscription des signes dans l’espace graphique. L’interaction de ces trois composantes façonne l’objet écrit. Supports et matières fonctionnent de manière symbiotique pour préparer les usages des textes : autrement dit, certaines matières permettent certains usages auxquels les supports prédisposent. Ce qui décide de la longévité d’un support dépend donc à la fois de la matière dont il est constitué et de l’usage dont il est porteur. De la même manière, ce qui décide de l’abandon d’un support peut être autant le changement d’usage que la caducité de la matière. Le support est au carrefour entre matière et usage. Cette duplicité inhérente à la nature du support détermine à la fois son pouvoir et sa vulnérabilité.